Appel à contributions


Colloque international

« Frontières et recompositions territoriales au Moyen-Orient et au Sahel »

 

Assouan, 30-31 janvier 2017

  

« Ce Moyen-Orient forgé dans le fracas des armes et le mépris des peuples, est aujourd’hui en train de s’effondrer sous nos yeux. Ce bouleversement historique n’est pas le résultat d’une contestation des frontières, pourtant iniques, mais la conséquence de la reprise en main de leur destin par les peuples concernés »

 (Jean-Pierre Filiu, Les arabes, leur destin et le nôtre, 2015, p21)

 

Les révoltes arabes ont donné lieu à beaucoup d’analyses politiques et sociologiques mais peu d’études se sont penchées sur les conséquences spatiales et territoriales des (mal nommés) « Printemps arabes ». Qui eût imaginé qu’un des effets de la vague contestataire amorcée en 2010/2011 dans les pays arabes eut été les coups de boutoir portés aux frontières et la remise en cause des cadres stato-nationaux hérités pour la plupart des périodes mandataire ou coloniale?

Conflits, guerre civile, interventions des armées étrangères, afflux de réfugiés et proclamation du califat entre Syrie et Irak (juin 2014) contribuent à redessiner la carte du Maghreb et du Moyen-Orient, un bouleversement sans pareil depuis la chute de l’empire ottoman, à la fin de la Première Guerre mondiale. Et c’est bien d’une région aux contours élargis dont il s’agit, car les marges sahélo-sahariennes, en particulier au Mali, au Nigeria ou au Cameroun, sont, elles aussi, agitées de soubresauts territoriaux, un nouveau cycle enclenché avec l’effondrement du régime de Kadhafi en 2011 et l’activisme recrudescent de groupes djihadistes au Sahel (AQMI, Mujao, Ansar ed dine, Boko Haram) ; de même, les pays européens sont confrontés à un afflux sans précédent de réfugiés qui conduit à repenser en miroir la signification et le rôle des frontières. 

Ce colloque entend explorer le « tournant frontalier et territorial »au Moyen-Orient et au Sahel : 5 ans après la naissance de l’Etat du Soudan du Sud et le début des révoltes arabes, quel bilan dresser sur le plan territorial ? L’effondrement de certains Etats signifie-t-il l’effondrement des frontières, un délitement des espaces nationaux et l’esquisse d’un ordre territorial alternatif durable ?

Par qui et comment sont gérés aux échelles micro et macro les espaces remodelés ? Quels nouveaux acteurs et quelles logiques politico-administratives s’affrontent ?

L’une des conséquences majeures des conflits en cours est l’ébranlement généralisé des frontières comme limite d’espace où s’exerce la souveraineté étatique : l’intervention de troupes étrangères et le recours à des mercenaires  se sont généralisés et banalisés ; beaucoup de zones périphériques et frontalières, souvent des espaces économiquement marginalisés et délaissés par les politiques d’équipement ou de développement, sont devenues des centres névralgiques investis par des groupes armés, y compris dans un objectif de captation des ressources liées aux trafics.

Des spécialistes du monde arabe et de l’Afrique subsaharienne venus d’horizons disciplinaires variés (géographie, science politique, droit, histoire, sociologie etc.) mais aussi des universitaires inscrits dans le champ plus général des Border Studies ou des relations internationales sont invités pour analyser le chambardement territorial actuel, lié au brouillage en cours des frontières et à une renégociation des relations entre Etat, société et territoire.

Ce colloque entend mêler chercheurs jeunes et confirmés, approche théorique et travaux empiriques, communications d’ordre général et études de cas, pour fournir des clés de compréhension des changements territoriaux en cours.

L’événement sera couplé à une exposition de photos sur le thème de la frontière et à une projection de films documentaires.

Ce colloque s’inscrit dans la continuité de manifestations et publications consacrées aux frontières ces dernières années, mais principalement centrées sur la multiplication des murs à travers le monde, la sécurisation des frontières, les nouvelles technologies de surveillance employées et l’externalisation du contrôle frontalier. Notre colloque se démarquera par sa focalisation sur une aire géographique limitée et par l’attention particulière portée au nouveau découpage territorial et à l’administration des espaces, plutôt qu’aux dynamiques de transgression frontalière. L’un des objectifs est d’identifier les processus de remodelage spatial sur le court et sur le long terme.

Un autre objectif est de croiser les travaux au Moyen-Orient, au Maghreb et dans la zone sahélo-saharienne pour dépasser le clivage habituel entre l’Afrique subsaharienne d’un côté, et l’Afrique du Nord-Moyen-Orient, de l’autre : l’histoire longue, comme l’actualité, nous rappellent le caractère factice de cette scission.

Avec ce dépassement Afrique subsaharienne/monde arabe, il s’agit de concrétiser, en Egypte, un partenariat scientifique Nord-Sud grâce à l’implication, sur place, de l’Université du Caire (FESP) ou encore du Centre d’Etudes stratégiques et politiques Al-Ahram. Il s’agit aussi d’organiser une collaboration entre laboratoires de recherche installés autour de la Méditerranée et en Afrique, qu’il s’agisse de l’IRD, des Unités mixtes des Instituts français de recherche à l’étranger (UMIFRE), des laboratoires spécialistes d’une aire régionale situés au Nord (PRODIG à Paris, LAM à Bordeaux) ou encore de think tank (IREMMO à Paris).  

Les actes de ce colloque feront l’objet d’une publication en français, à travers un ouvrage collectif imprimé aux Presses de l’IFAO, un numéro de la revue Egypte Monde Arabe, un numéro de la revue de Confluences Méditerranée dont le comité de publication a d’ores et déjà manifesté son intérêt.

Envoi des propositions à communication@cedej-eg.org, copie à direction@cedej-eg.org

 

Modalités : 

Résumé en anglais ou français de 500 à 600 mots

5-7 mots clés

Proposition avec Titre, auteur, affiliation, adresse mél

Le résumé doit présenter la/les questions de recherche, la méthodologie et le contexte ainsi que les principales conclusions 

Date limite d’envoi : 15 juillet 2016

Réponse : fin août 2016


 

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